Sylvie Massimi, première adjointe de Brignoles, Annick Delhaye, vice-présidente du conseil régional, Josette Pons, députée, Hubert Garnier, secrétaire générale de l’union régionale des maires et Christian Desplats, président de l’Arpe. Photo V. B
Gaz de schiste. Depuis plusieurs mois, le sujet brûle les lèvres de tous les élus. Certains ont protesté. Et d’autres ont même défilé. Mais
pour la majorité d’entre eux, ils n’avaient jamais entendu parler de ce gaz avant de découvrir qu’existait le permis de Brignoles (1). Et
certains ignorent encore beaucoup de chose sur le sujet. Certes très complexe.
Aujourd’hui, ils n’ont plus d’excuses. L’ensemble des maires, des élus et des techniciens concernés par une demande de permis de gaz de
schiste dans la région (2) sont retournés sur les “bancs de l’école”. Invités par l’agence régionale pour l’environnement (Arpe) à prendre
un cours sur les enjeux et les impacts de l’exploitation du gaz de schiste sur le territoire.
Sans parti pris global
Administrations, géologues, médecins, économistes et juristes… ont joué le rôle des professeurs. Et se sont succédés au micro pour apporter
un éclairage sur ce thème.
Sans parti pris global, chacun a apporté sa vision, son opinion personnelle, sa contribution au débat.
" C’est un sujet qui pose beaucoup d’interrogations", explique le président de l’Arpe Christian Desplats. " Il y a de nombreuses polémiques.
Et notre mission est d’apporter des éléments techniques et scientifiques aux élus pour qu’ils puissent se faire leur propre opinion ".
Une semaine avant le débat parlementaire prévu le 10 mai, les élus ont désormais des éléments à avancer pour défendre leurs
positions.
1. Demande déposée par l’entreprise Schuepbach pour l’exploitation du gaz de schiste sur une grande partie du
département.
2. 382 communes sont concernées en Paca par des permis de gaz de schiste, soit 11668 km².
Ils ont dit...
Michel Seranne, chargé de recherche au CNRS
" En 2030, il faudra encore utiliser 80 % de l’énergie fossile. Le problème? Les réserves sont limitées. Et, nous n’avons pas d’alternative
actuellement disponible. C’est pour cela qu’il y a une exploration mondiale pour trouver de nouvelles sources d’énergie fossile. Est-ce que le refus d’exploiter les gaz de schiste doit
amener à un refus de l’exploration? Dans tous les cas, on devra approfondir nos connaissances et donc utiliser le milieu souterrain. La véritable question que l’on doit se poser : combien
sommes-nous prêts à payer soit en euros, soit en impact environnemental pour pouvoir préserver le mode de vie que nous avons aujourd’hui? "
Philippe Langevin, économiste
"Ce qui fait la dynamique du territoire, c’est notre identité, notre patrimoine, notre qualité de vie. Nous sommes ici dans une économie de
la beauté. Toutes les expériences que l’on nous propose pourraient avoir des conséquences sur notre économie régionale. Que va devenir notre région ? On peut être inquiets. Il y a
tellement d’incertitudes dans ce dossier, d’éléments approximatifs et pas démontrés, c’est un eldorado empoisonné! ".
Patrice Halimi, médecin
" La première pollution qui a été mise en évidence, c’est celle de l’air avec toutes les extractions. Mais ce qui est plus problématique,
c’est cette eau polluée que l’on va récupérer. Il y a des produits toxiques qui favorisent des cancers du sang, cela rend aussi un peu stérile. La chose la plus importante, c’est la
pollution de l’eau. Avec tous les produits chimiques que nous allons balancer, il y a un risque de contamination. Quand j’ai découvert les substances, j’ai été impressionné. J’avais
l’impression d’avoir une liste de produits cancérigènes… "